Le Journal du capitaine John Williamson

19 Octobre Heure indéterminée.

Je m'appelles John Williamson, je suis capitaine de la police de River Dale à 35 kilomêtres du lac Black Lake et de la ville du même nom, j'ai 43 ans, j'ai une femme et 3 enfants et je vais mourir.

Je crois qu'il faut que d'abord que j'explique comment tout ça a commencé. Pourquoi je suis venu ici avant de vous dire pourquoi je n'en partirai pas.

Tout à Commencé le 15 Octobre, au matin.

Je ne pense pas oublier de détails. Je ne crois pas qu'on puisse oublier ce qui ruine une vie.

L'odeur. L'odeur des croissants frais de Jeanne. Je n'y ai jamais fait attention plus que ce matin là. C'est marrant. Ils auraient presque pu être prophétiques ces croissants... Elle était venue au poste nous les apporter avec sa jolie robe du vendredi, celle rouge avec des grosses fleurs blanches et ses attaches dorées. L'odeur avait envahit toute la réception et même ce vieux ted avait arrêté de raler.

C'est à ce moment que le téléphone avait sonner.

On a jamais de nouvelles de Black Lake. Sauf une fois quand un de leurs fous s'était échappé et qu'il avait aggressé mademoiselle Swanson. La seule qui se rend dans cette ville toute les semaines.

C'est Edward qui a répondu. Je m'en rappelles parfaitement parce que sa main s'est mise à trembler et j'ai du lui reprendre le combiné. C'était le docteur de Black Lake, Henry Forwell. On lui avait amenné un corps le matin même, "un corps incomplet".

J'ai pris le nouveau, un jeune de chicago, et on s'est rendu sur place. A cette heure là le ciel était encore dégagé.

La route se fit dans le silence, le nouveau ne dessérant pas les machoires. Un jeune blanc bec de 26 ans tout frais sortie des quartiers riches de chicago sans doute et déjà plus gradé que moi. A vous en faire vomir vos 15 ans de service... Pour ce que ça change maintenant.

Le pont de Sally's Road passé les premières maisons blanches entourées de pins de Black Lake apparurent. Cette ville semblait sortir d'un vieux film en noir et blanc des années 50. Comme si le temps s'était arrêté. Après tout s'était peut être le cas. La voiture tressauta brièvement sur la vieille route de terre qui menait au grand batiment au toit noir du White Cove Asylum. Quelques gouttes frappèrent le pare brise de la Ford.

La salle était petite et le néont grésillait au dessus d'une table sur laquel un corps couvert d'un drap était posé. Le nouveau prennait des notes sur un calepin blanc. Qu'est ce qu'il pouvait marquer ce petit con.

Le Docteur Henry Forwell était un homme plutot jeune mais au visage dur et déjà marqué par la vie. Il s'essuya les mains un nombre incalcullable de fois sur son espèce de blouse tout en nous parlant. Sa voix était calme et monocorde malgré ses yeux qui semblaient fouiller tout les recoins de la pièce. Le corps avait été trouvé par deux randonneurs venues pour la fête annuelle. Chaque année à la même date toute la population de la ville partait 3 jours durant dans les montagnes sans vraiment savoir pourquoi. Une vieille coutume du fondateur m'avait on dit.

Le Doc avait fait ramené ici le corps. Dans la voiture j'avais déjà élaboré mon scénar. Un touriste malchanceux dévoré par un ours, voilà qui allait faire les choux gras de Mac Grady, le directeur du papelard local. J'aurai aimé avoir raison.

Farwell releva le drap dévoilant la partie supérieur du corps. C'était un homme de race blanche, peut être 40 ou 50 ans. Impossible d'en être certain sa tête étant manquante. Le jeune se pencha au dessus du corps et souleva la peau qui pendait à la base du coup. Putain comment il pouvait faire un truc pareil sans gerber... Selon Doc Farwell la tête de la victime avait été retirée à l'aide d'une arme tranchante et courte, l'homme ayant du s'y reprendre plusieurs fois pour la séparer du corps. Ca écartait définitivement ma thèse confortable de l'ours.

Ce que j'ai mal. Je sais pas où sont les autres, mais eux ils me cherchent, je les entends dans les couloirs. Je sais qu'ils vont pas tarder à me trouver. Je pense à ma femme, à mes gosses, à l'engueulade qu'on a eu avant que je partes ce maudit matin... Je veux pas creuver tout seul ici.

Le reste du corps était couvert de coup de couteaux comme si on s'était acharné des heures durants sur le steack de ce pauvre gars. Merde je sais toujours pas qui à fait le coup mais c'est un sacré malade.

J'informais le maire que leur petite fête annuelle allait devoir attendre. Impossible d'interroger les gens si les suspects courrent partout dans la foret. La pluie, elle, n'allait pas attendre et ne s'arrêterai pas.

Si vous trouvez ce calepin dîtes a ma femme que je m'excuse et que j'aurai aimé pouvoir être encore avec elle et les gosses. Il me reste pas beaucoup de temps. Je saigne et je suis sur qu'ils doivent le sentir.

Je sais pas vraiment qui ils sont mais ils ont commencé à bouger le 17, le jour de la foutue fête de cette foutue ville. La plupart des habitants s'étaient réunis pour un prêche du révérant Wyatt. Le père était comme possédé exultant des bon-dieuseries comme s'il allait mourir dans la seconde et que son âme était pas assez pure pour le seigneur. Le ciel était noire et il était pas 14h. La pluie tombait drue dehors et martelait le toit de la vieille église. Le ciel voulait engloutir Black Lake disait le révérand. Puis il y eu un grand cri. La lumière s'était éteinte sur la petite ville du Michigan.

Le Journal s'arrête là, le reste étant illisible car couvert de sang.